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Construire un avenir meilleur avec moins : Les enseignements de Navi Radjou sur l'économie frugale
L'avenir de l'innovation selon Navi Radjou : L'économie frugale
Un « invité d’honneur » dont « la réputation n’est plus à faire » : voici comment a été présenté Navi Radjou à son arrivée sur la scène du colloque Build & Connect. Peu étonnant lorsque l’on sait que ce conseiller et essayiste franco-américain d’origine indienne a été classé par l’organisation Thinkers50 parmi les 50 penseurs en management les plus influents au monde.
Navi Radjou a notamment publié plusieurs ouvrages, dont « Le guide de l’innovation frugale » en 2019, dans lequel il théorise entre autres cet « art de construire mieux avec moins » qui l’a rendu célèbre.
Dans son discours de clôture, l’essayiste raconte comment il a quitté la région parisienne pour sillonner tout le territoire français et « comprendre sur le terrain la profonde transformation qui a lieu actuellement sur le plan social et économique ». Évènement à la suite duquel Navi Radjou a synthétisé l’émergence d’une nouvelle économie impulsée par des acteurs engagés et accélérée par la crise sanitaire du Covid-19, cette fameuse économie frugale. Cette dernière permet de produire, consommer et vivre mieux tout en étant sobres en ressources.
Trois grands piliers composent le concept d’économie frugale exposé par notre intervenant :
- Le partage inter-entreprises, soit le fait de désapprendre une sorte d’instinct capitaliste à la concurrence entre les structures, pour privilégier la mutualisation des ressources (les déchets qui peuvent par exemple être revalorisés collectivement, mais aussi la réutilisation des matériaux, la mutualisation des trajets, la mise en connexion des différents professionnels du bâtiment, le partage de connaissances…).
- La production décentralisée et décarbonée, en s’appuyant sur la relocalisation industrielle. Cette dernière doit permettre de construire un nouveau modèle d’économie circulaire territoriale de bout en bout du circuit français. Exemple concret de cette stratégie dans le secteur du BTP , le projet « Cycle Terre » à Sevran vise à revaloriser les déblais de chantiers et créé ainsi toute une nouvelle filière de terre crue dans le secteur. Cette économie décentralisée doit être décarbonée et donc alimentée à l’aide d’énergies propres. La production d’hydrogène dans la région Grand-Est, celle du colloque Build & Connect, est une autre bonne illustration de filière sur laquelle s’appuyer.
- La flexibilisation de l’industrie, un phénomène d’actualité en Allemagne notamment. Le pays développe ainsi des micro-usines optimisées non pas pour l’efficience, mais pour l’agilité. C’est le cas de BAIER, minuscule usine modulaire, capable de fabriquer plusieurs produits de construction électriques haut de gamme au plus près de ses clients industriels. Sur le territoire français, plusieurs projets finalistes des prix Grand Est Transformation (venant clore le colloque après l’intervention de Navi Radjou) correspondent également à cette définition de l’agilité.
Navi Radjou évoque enfin la nécessité d’avoir aujourd’hui des « entreprises triplement régénératrices », qui vont plus loin que le simple objectif de décarboner la société : « elles visent consciemment à faire du bien en boostant la santé et la vitalité des individus, des territoires et de la planète ». Plusieurs structures pionnières illustrent cette définition, à l’image d’Interface, leader mondial des revêtements de sol, qui depuis 2020 commercialise des carreaux de tapis à impact carbone négatif. Dans la région Grand-Est, la startup Greentech Innovation basée à Metz métropole a développé un lampadaire solaire altruiste fournissant la lumière, mais alimentant également d’autres objets connectés en énergie. Ces exemples démontrent pour Navi Radjou qu’il est possible d’aller au-delà même du développement durable, et c’est vers ce modèle qu’il faut tendre pour accéder à une innovation frugale.
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