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Décarbonation dans le secteur du bâtiment : les visions inspirantes des décideurs de l'industrie
Valérie David (Eiffage), Frédéric Didier (Wienerberger) et Andreas Wade (Viessmann) vous expliquent pourquoi et comment ils souhaitent engager leurs entreprises sur une voie de décarbonation. Des témoignages inspirants qui peuvent montrer la voie vers une croissance verte !
Andreas Wade, Directeur développement durable chez Viessmann, entreprise spécialisée dans la construction et vente de chauffage central (chaudières et PAC)
La problématique
Dans son discours, Andreas Wade parle des plusieurs objectifs chiffrés en matière de développement durable pour le groupe spécialisé dans le chauffage : le premier, arriver à un taux de 100% d’énergie verte pour ses produits en 2025. Pour aller encore plus loin, en 2050, Viessmann veut avoir atteint une consommation d’énergie nette zéro sur l’ensemble de ses scopes (1, 2 et 3) d’ici à 2050, et Andreas Wade l’assure, « l’engagement de l’entreprise est total en ce sens ».
Interrogé également sur la réglementation en vigueur en France et en Europe, le Directeur développement durable de Viessmann estime qu’elle va dans un sens positif et qu’elle est ambitieuse, en donnant pour exemple principal la taxonomie verte européenne. Des nouveautés réglementaires essentielles qui encouragent le verdissement des entreprises en les emmenant sur le chemin progressif d’une sobriété énergétique.
Quelles solutions ?
Pour son intervention en ouverture de la Tribune des décideurs, Andreas Wade explique donc la « stratégie climat » de l’entreprise Viessmann, qui repose sur ces quatre différents piliers : « Leadership, empowerment, advocating, partnership ». Ces quatre leviers seront activés par Viessman grâce à un investissement de pas moins d’un milliard d’euros sur les 3 prochaines années. 60 millions d’euros seront notamment investis dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Andreas Wade affirme notamment que cet argent servira à substituer les énergies fossiles employées par le groupe, telles que le fioul ou le gaz, par de l’électricité d’origine renouvelable – le solaire, entre autres.
Aujourd’hui, l’un des objectifs majeurs de Viessmann est d’améliorer son efficacité énergétique et baisser ses émissions de gaz à effet de serre, et ce par le biais notamment du développement des énergies renouvelables et de l’emploi de plus en plus récurrent à des matériaux recyclés et/ou issus du réemploi. Deux leviers essentiels qu’Andreas Wade compte bien exploiter de façon croissante.
Frédéric Didier, Directeur Général de Wienerberger, leader mondial dans les productions en terre cuite (briques, tuiles et bardage)
La problématique
Ce nouvel intervenant de la Tribune des décideurs choisit de commencer en insistant particulièrement sur la problématique de la gestion de l’eau, sujet sur lequel Wienerberger souhaite investir davantage dans les années à venir.
Le Directeur général de Wienerberger ajoute ensuite que l’entreprise spécialisée dans les fabrications à base de terre cuite est vieille de plus de 200 ans et « se doit d’innover pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain » – notamment au travers des produits qu’elle propose – tout en restant tout de même fidèle à un certain traditionalisme de la construction : un équilibre entre rupture et continuité qu’il s’agit de trouver. Pour donner un ordre d’idées du côté novateur de Wienerberger, aujourd’hui, 25% du chiffre d’affaires annuel du groupe est lié à des produits datant de moins de 5 ans.
Quelles solutions ?
On apprend également que dans le groupe, une attention toute particulière est portée sur l’économie circulaire, la durabilité, l’aspect local, mais aussi la dématérialisation des matériaux produits afin de les rendre plus vertueux. Plus concrètement encore, voici plusieurs exemples de leviers d’action évoqués par Frédéric Didier pour aller vers une sobriété énergétique dans l’entreprise qu’il dirige :
- Réduire les besoins en énergie au globale, et notamment les quantités d’eau employées dans les façonnages d’argile.
- Incorporer des biocombustibles et de la biomasse dans l’élaboration des produits.
- Mieux gérer la matière première en choisissant de travailler avec de l’argile moins carboné au départ.
- Généraliser l’emploi d’échangeurs thermiques dans les usines.
Recours à des pompes à chaleur haute température, travail sur les transports et la réduction des distances, stimulation de l’économie circulaire, captation du CO2 via les fumées des fours à terre cuites combinés à de l’hydrogène décarboné… Les leviers pour aller vers des comportements plus vertueux ne manquent pas pour Directeur Général de Wienerberger, et l’entreprise compte bien financer ses ambitions : « quelques centaines de millions d’euros » dont « entre 50 et 100 millions rien qu’en France sur les trois années à venir » y seront consacrées. Enfin, pour mener à bien ces différents projets, pour Frédéric Didier, l’essentiel est d’aller vers une « intelligence collective » embarquant l’ensemble des acteurs concernés dans un objectif commun de décarbonation.
Valérie David, Directrice développement durable et de l’innovation transverse du groupe de construction français Eiffage
La problématique
Pour aborder cette nouvelle intervention de la Tribune des décideurs du colloque Build & Connect, Valérie David s’est attachée tout d’abord à définir cette notion « d’innovation transverse » contenu dans le titre de son poste professionnel. Pour la Directrice du développement durable [NDLR : depuis le colloque Valérie David a quitté son poste] la décarbonation est un « mouvement global » qui lie tous les acteurs, « les métiers de la construction, de l’énergie, de l’aménagement urbain, de l’immobilier, du génie civil… ». « Cela concerne tout le monde » renchérit-elle et il faut donc qu’il y ait « une libération de l’intelligence collective » pour aller vers plus de sobriété dans les comportements.
Chez Eiffage, les objectifs sont les suivants :
- -46% d’émissions de CO2 sur les scopes 1 et 2 d’ici 2030
- -30% d’émissions sur le scope 3 d’ici 2030
Concernant le contexte actuel, Valérie David évoque notamment la réglementation avec notamment la taxonomie verte – une véritable « révolution qui ne dit pas son nom » – l’Europe est aujourd’hui le seul bloc économique au monde à avoir défini un cadre financier pour identifier la part durable des chiffres d’affaires et dépenses de chaque pays. Il s’agit d’un point très positif selon la Directrice développement durable et innovation transverse d’un grand groupe de la construction tel qu’Eiffage.
Quelles solutions ?
L’une des clés ? Avoir des partenaires engagés dans une transition écologique : « plus nos fournisseurs sont eux-mêmes vertueux dans leur trajectoire carbone, plus nous parvenons à atteindre nos objectifs ». Bien s’entourer donc, aussi, grâce notamment à des hyper-experts qui connaissent parfaitement les questions de la décarbonation. Pour résumer, « anticipation et partenariat » sont deux maîtres mots pour cette nouvelle intervenante de la Tribune des décideurs.
Valérie David a également plaidé pour aller vers une commande publique et une finance plus vertueuse et formée aux enjeux du réchauffement climatique. Un signe encourageant concernant cette question de la finance : les choses avancent réellement dans le bon sens depuis la COP21 de 2015, selon Valérie David. Elle affirme ainsi que « nous sommes dans une financiarisation du développement durable », avec les établissements bancaires notamment qui s’emparent de plus en plus du sujet de la transition énergétique et de la transition écologique.
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