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Le Hors-Site : Un Avenir Prometteur pour des Bâtiments Durables
Découvrez les avantages du hors-site dans la construction et la rénovation, une approche qui réduit les émissions de CO2, optimise les coûts et booste la productivité. Décryptage des opportunités et défis avec des experts du secteur.
Durant le dernier colloque Build & Connect, une conférence captivante sur la construction hors site a été tenue et présentée par, Frédéric Musselin, ex directeur business développement et nouveaux procédés constructifs chez Vivialis. Un « sujet passionnant » à propos duquel se sont attachés à discuter trois intervenants : Bertrand Burger, président de Burger & Cie, André de Chefdebien, directeur innovation et marketing stratégique du groupe Rector Lesage, et Jean-Sébastien Lauffer, directeur technique de Techniwood. Comment le hors-site peut-il décarboner les bâtiments de demain, quels sont les atouts mais aussi les freins à ce mode constructif ? Eléments de réponse et éclaircissements dans une synthèse de cet échange.
Un rappel pour débuter : on entend par hors-site la production en atelier des composants en 2D ou 3D – ou modulaire – prêts à être assemblés sur chantier. L’une des particularités de ce mode constructif est de donner une valeur ajoutée supplémentaire aux différents composants fabriqués en usine. Un constat non négligeable dans un contexte où les coûts, la qualité, mais aussi l’empreinte carbone dans le secteur du BTP se doivent tous d’être améliorés. Aujourd’hui, la construction hors-site est développée dans de nombreux pays du monde, et est en plein développement depuis quelques années en France, que ce soit en construction neuve ou en rénovation, et ce auprès de tous les corps des métiers du BTP, des industriels aux promoteurs en passant par les constructeurs.
Les atouts d’une pratique qui a le vent en poupe
Le hors-site présente de nombreux avantages comparés à une construction classique, notamment en termes de décarbonation, mais aussi d’optimisation des coûts, de diminution des délais et d’augmentation de la productivité. Ce mode constructif représente ainsi un « changement de paradigme complet » et une « évolution nécessaire de la chaîne de valeurs » pour Frédéric Musselin.
Comme le précise Bertrand Burger, avec la construction hors-site, le coefficient d’émission de CO2 est divisé par trois comparé à un mode constructif traditionnel. Cette façon de faire, en usine, permet aussi « d’avoir une qualité de production beaucoup plus simple à gérer que sur des chantiers » avec du personnel travaillant dans de meilleures conditions. Le président de Burger & Cie insiste ainsi sur la minutie et le sens du détail permis par le travail en atelier, avec des professionnels plus facilement formables. André de Chefdebien souligne quant à lui la « flexibilité » permise par le hors-site.
Sur l’aspect esthétique, pas de sujet, contrairement à certaines idées reçues. Jean-Sébastien Lauffer l’affirme : « on arrive à faire de jolies choses en préfabrication » ! Frédéric Musselin conforte lui aussi cette idée au cours de l’échange. Pour lui, le préfabriqué aboutit à des réalisations pouvant être « architecturalement très élaborées, personnalisées, avec une valeur et une qualité surprenantes ».
Autre élément intéressant à relever : le hors-site permet une conception collaborative, notamment entre l’architecte et le maître d’œuvre entre lesquels il s’opère plusieurs allers-retours pour assurer une structure de bâtiment cohérente.
Et la rénovation, dans tout ça ?
Avec Techniwood, Jean-Sébastien Lauffer travaille majoritairement sur des opérations de réhabilitation en hors-site. Plusieurs retours d’expérience attestent du bon fonctionnement de ce système.
L’un d’entre eux concerne une opération à Vigneux-sur-Seine, au sud de Paris. Techniwood a travaillé sur la réhabilitation de 217 logements collectifs sur 5 bâtiments traversants – d’où le besoin d’éviter les nuisances entre les locataires. Un autre défi a été de rester en site occupé pendant tout le temps du chantier. Aussi, toutes les façades ont été posées sans avoir à intervenir à l’intérieur des bâtiments. Des panneaux préfabriqués ont été installés à l’aide d’une grue, un mode opératoire extrêmement efficace en termes de temps : en une semaine, les deux façades ont été réalisées ! En 4 semaines, l’ensemble du chantier était terminé avec un impact limité au maximum pour les occupants de l’ensemble.
Les conditions du bon déploiement du hors-site
L’enjeu est d’abord de sensibiliser toutes les parties prenantes. Bertrand Burger l’affirme, « il faut absolument que toutes les institutions – collectivités, gouvernement… – comprennent l’intérêt » et favorisent ce nouveau mode constructif, particulièrement en France où un certain retard existe encore à ce jour. Au Japon, par exemple, le hors-site existe depuis l’après-guerre et a perduré depuis. Jean-Sébastien Lauffer œuvre d’ailleurs en ce sens avec Techniwood, en allant à la rencontre des différents corps de métiers (architectes, maîtres d’ouvrages, bureaux d’études), pour « amener tous ces acteurs à entrer dans cette logique ». Le tout est aussi de transiter vers ces nouvelles façons de faire sans provoquer de bouleversement à effet négatif. Pour André de Chefdebien, il est ainsi nécessaire « d’accompagner le changement » et faire du monitoring auprès des entreprises.
Autre élément à prendre en compte : l’anticipation. « Si nous voulons que le hors-site marche, il faut que nous fassions un effort de conception dès le début du projet », ce qui aujourd’hui reste encore en opposition avec les pratiques traditionnelles dans le BTP, où l’on se préoccupe des détails de l’ouvrage à mesure que celui-ci avance.
En outre, pour être pleinement vertueuse, la construction hors-site doit s’accompagner de bonnes pratiques telles que l’emploi de matériaux bas-carbone, mais aussi la minimisation de matière utilisée. Le digital est aussi un levier pour « permettre une arrivée du sur-mesure industrialisé » (André Chefdebien).
Sur la réhabilitation, Jean-Sébastien Lauffer plaide pour une meilleure connaissance de l’existant avec un recensement plus complet des informations, « le parent pauvre » du hors-site à son sens aujourd’hui en rénovation.
Enfin, il ne s’agit pas de « faire de la préfabrication pour rien », et utiliser ce mode constructif de façon intelligente et lorsque sa plus-value fait sens, sans y avoir recours « à n’importe quel prix ».
C’est ainsi que les structures pourront relever les différents défis que comporte ce nouveau mode constructif : parvenir à être compétitif dans un secteur en pleine mutation – en termes de coûts notamment, plaire aux clients et changer l’image traditionnellement mitigée du préfabriqué, transitionner vers des usages numériques tels que BIM, trouver de la main d’œuvre de qualité, former à de nouvelles compétences et des usages renouvelés… Les axes de progression sont encore nombreux, et par le même fait, les promesses et possibilités, immenses.
Un livre blanc est aujourd’hui disponible pour en savoir davantage sur la bonne pratique du hors-site :
Les atouts de la construction hors-site : 7 propositions à destination des pouvoirs publics, par les membres du groupe de travail du Comité Stratégique de Filière "Industrie pour la Construction".
Téléchargez le ici : https://www.buildandconnect.eu/fr/actu/livre-blanc-une-construction-hors-site
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